Pratiquer le BDSM peut être une façon intense de découvrir son corps.
BDSM est l’acronyme de Bondage, Dominance, Sadisme et Masochisme. Mais il s’agit de bien plus que d’un simple jeu de douleur.
Pour une expérience optimale, il est important que vous sachiez comment préparer correctement votre séance BDSM. Et c’est là que notre guide intervient !
Vous apprendrez sur quoi vous concentrer avant, pendant et après la session, de manière à être prêt·e pour créer la vôtre.
Tout commence par la compréhension de ce qu’est réellement la pratique du BDSM. La meilleure façon de l’expliquer est d’utiliser une métaphore sur les auto-tamponneuses.
Disclaimer : ce post met en avant les termes de « dominant·e » et « soumis·e », mais les mots que vous utilisez dépendent entièrement de vous.
Le/la dominant·e : celui ou celle qui garde la situation sous contrôle et guide l’autre durant l’expérience.
Le/la soumis·e : celui ou celle qui se livre et se laisse guider à travers une expérience.
Qu’est-ce qu’une session BDSM ?
Une session BDSM est une expérience intime qui contient souvent des éléments sexuels dits « kinky », traduit en français par le terme « vicieux, pervers ».
Comme pour tout autre moment de plaisir, seule l’imagination fixe les limites. Cela s’applique également à une pratique BDSM, qui peut s’expliquer de la manière suivante :
La perspective d’une collision routière est extrêmement désagréable. Pourtant, vous êtes probablement déjà monté dans une auto-tamponneuse et vous vous souvenez de ce que vous avez ressenti lorsque vous rouliez et heurtiez les autres sur la piste.
L’une des différences est que lorsque vous êtes assis·e dans une auto-tamponneuse, vous savez bien dans quel contexte vous êtes. Vous savez à peu près comment ça se passe, et quelqu’un veille à votre sécurité. Il en va de même pour les pratiques BDSM.
Ici, ce qui est généralement considéré comme extrêmement désagréable peut se transformer en une expérience des plus exquises. Et ce, parce que vous avez défini vos attentes et savez ce qui va se passer. Vous savez aussi qu’il n’y a aucun danger.
Même si vous savez que vous pouvez tout de même être « percuté·e », l’expérience reste néanmoins remplie de chocs et de surprises agréables.
Avant une séance BDSM
La négociation ou la définition des attentes est la toute première étape d’une expérience BDSM positive.
C’est à ce moment que vous et votre partenaire déterminez la manière dont votre pratique BDSM doit se dérouler.
Vous n’êtes pas obligé·es d’être d’accord sur tout jusque dans les moindres détails ou sur l’ordre dans lequel les choses doivent se passer. La définition de ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas vous permet de vous libérer une fois que vous aurez trouvé un terrain d’entente.
Qu’est-ce que l’on accepte ? Qu’est-ce qui est interdit ? Soyez aussi précis·es que possible.
Plus vous osez vous ouvrir à ce que vous voulez voir se réaliser, mieux c’est.
Il est important que vous osiez dire ce que vous pensez à votre partenaire pour que l’expérience soit la meilleure possible. Votre partenaire ne peut pas lire dans vos pensées (quelle que soit l’ancienneté de votre relation), vous devez donc vous exprimer clairement.
N’oubliez pas que vous n’avez pas encore commencé la séance BDSM et que vous êtes donc encore « au même niveau ». Cet espace vous permettra de mettre des mots sur vos sentiments et vos insécurités sans ruiner l’ambiance.
Le plus important est que toutes les parties soient consentantes.
En exprimant vos désirs, vos limites, la direction que vous désirez prendre durant la séance et l’ambiance voulue, vous vous synchroniserez l’un·e avec l’autre et établisserez la base d’une bonne expérience.
Mettez-vous d’accord
Quelles sont les choses que chacun·e souhaite faire aujourd’hui ?
Quelles sont les choses que chacun·e d’entre vous ne souhaite absolument pas faire cette fois ?
Quelle direction / ambiance aimeriez-vous que prenne la séance ?
Par exemple...
Que souhaitez-vous faire aujourd’hui ?
Soumis·e: « Hm... j’aimerais beaucoup recevoir une fessée. »
Dominant·e: « Super ! Moi j’aimerais te donner la fessée avec lepaddle pendant que je t’attrape fermement par les cheveux. T’en dis quoi ? »
Qu’est-ce que vous n’avez pas nécessairement envie de faire cette fois ?
Soumis·e: « Je ne veux pas que ça fasse trop mal, donc si je dis « aïe » ou si j’ai le corps tendu, fais attention et retiens-toi un peu. Et maintenant que j’y pense, je vais à la piscine mercredi, alors attention aux bleus. »
Dominant·e: « Ok. Je t’écouterai — et je ferai attention aux signaux. Fais-moi juste savoir si ça devient trop intense pour toi. »
Quelle direction / ambiance aimeriez-vous que prenne la séance ?
Soumis·e: « J’aimerais mettre un point d’honneur sur l’intimité aujourd’hui. Que tu me regardes pour voir à quel point j’aime ça. J’aimerais aussi que tu m’aides à supporter la douleur en me félicitant en cours de route. »
Dominant·e: « Oh, ça me plaît tout ça. Je prendrais plaisir à te voir allongé·e et à manipuler ton corps. Et je tâcherai de te féliciter et de te complimenter. »
Ce n’est pas parce que l’autre personne exprime un désir que celui-ci doit nécessairement faire partie de votre séance BDSM. Il s’agit juste de mettre en place un cadre qui vous permet de jouer plus librement.
Vous pouvez également changer d’avis en cours de route, mais nous en reparlerons plus tard.
La personne soumise et la personne dominante doivent toutes deux rester attentives et s’exprimer sur ce qu’elles acceptent de faire pendant la séance.
On parle souvent des limites du ou de la soumis·e, mais il est faux de ne voir cela que dans un sens - le ou la dominant·e a aussi des limites.
Certaines personnes n’aiment pas mordre leur partenaire par exemple, mais n’ont aucun problème à le ou la frapper. Nous sommes tou·tes différent·es et il est important de prendre en compte les limites des deux.
Même si la responsabilité est partagée, il incombe surtout au ou à la dominant·e de s’assurer d’avoir bien reçu toutes les réponses nécessaires avant de débuter la séance.
« Je n’ai aucune limite »
Si vous êtes totalement novice dans la pratique du BDSM, vous aurez peut-être tendance à dire « j’ai envie de tout essayer » ou « je n’ai aucune limite ».
Cependant, il peut être dangereux de s’aventurer dans un tel domaine avec quelqu’un qui est « est prêt·e à tout », car vous ne vous rendrez compte de dépasser les limites que bien trop tard.
Nous avons donc deux suggestions pour vous :
Discutez de vos attentes et de ce que chacun·e d’entre vous désire, et tenez-vous-en à cela.
Vous pouvez également mentionner d’une manière plus abstraite ce que vous n’avez peut-être pas envie de faire.
Cela vous permettra de savoir ce que vous éprouvez face à quelque chose que vous ne souhaitez pas faire. Vous reconnaîtrez par la suite ce sentiment et saurez quand demander à votre partenaire de s’arrêter.
Alignement de vos attentes - la méthode visuelle
Une gestion visuelle des attentes est un excellent moyen de s’exprimer si vous éprouvez des difficultés à formuler verbalement tout ce que vous aimeriez faire au cours d’une séance BDSM.
Si vous possédez déjà des sextoys, vous pouvez les utiliser. Autrement, vous pouvez parcourir des sites Web ensemble ou avant votre rendez-vous.
Montrez-vous les sextoys que vous avez sélectionnés et supprimez tout ce que vous ne voulez pas essayer. Vous saurez alors ce que chacun·e veut essayer et pourrez passer commande.
Il sera ainsi plus facile de vous souvenir de ce que vous avez convenu, et vous n’êtes pas obligé·e d’utiliser tous les jouets lors de chaque séance BDSM. Vous pouvez vous contenter de ce qui vous semble naturellement adapté en cours de route.
Si vous souhaitez utiliser certains jouets, utilisez votre regard pour dire « Oui, s’il te plaît ! » ou exprimez-vous à voix haute « Je veux essayer celui-ci, mais pas trop longtemps ».
Il existe des milliers de façons d’utiliser un sextoy. Il est donc important d’avoir une conversation sur le type de pratique BDSM que vous aimeriez avoir pour éviter tout malentendu.
Accord sur la sécurité
Il est nécessaire de convenir d’un mot de sécurité, ou safeword, pour que vous sachiez quand poursuivre l’expérience et quand ralentir ou stopper net.
Ne prenez pas pour acquis que « Non » signifie vraiment « Non » - il est important que vous le confirmiez et que vous fixiez vos attentes avant de commencer.
Utilisez des couleurs : le rouge comme signal pour arrêter le jeu, l'orange lorsque vous avez besoin d’une pause, et le vert pour indiquer que tout va bien et que vous voulez continuer.
Si vous souhaitez pratiquer un jeu qui vous empêche de parler, par exemple avec un bâillon dans la bouche, il est important de convenir d’un signal d’arrêt.
Cela peut être de lever la main, de faire le signe de la paix, d’ouvrir et fermer rapidement la main ou de frapper deux fois sur le sol ou sur le mur.
Pendant la séance BDSM
Le moment de la séance BDSM est arrivé.
Avant de commencer, il est important de garder en tête que vous pouvez toujours changer d’avis en cours de route et vous exprimer si quelque chose ne va pas.
Peu importe si c’est parce que vous avez des fourmis dans la main ou parce que vous vous êtes souvenu·e d’une information importante - rompez l’ambiance si quelque chose occupe votre esprit.
Même si ça peut être blessant ou désagréable. Il est nécessaire que la séance soit en accord avec vos désirs et vos limites personnelles. Nous y reviendrons plus tard.
Comment commencer une séance BDSM ?
Il existe de nombreuses façons de débuter une séance BDSM. Certaines personnes perçoivent le bon moment de manière naturelle.
Pour d’autres, il est difficile de passer d’une conversation égalitaire à une dynamique de pouvoir inégale.
J’ai donc rassemblé quelques suggestions pour vous aider à démarrer votre séance.
Le portail
Créer un portail peut vous aider à effectuer une transition et à entrer dans la séance BDSM.
Faites en sorte que la séance commence dès que vous franchissez la porte de la chambre, une fois votre soumis·e mis·e à genoux ou après lui avoir mis un collier.
Intégrez des lieux et des objets à votre séance - ce sont des éléments auxquels vous pouvez vous rattacher physiquement.
Cela permet une transition pour s’adapter au fait que la séance BDSM a commencé.
Il est aussi primordial de vous mettre d’accord sur la façon dont vous terminerez la séance.
La pratique BDSM se termine lorsque je :
te ramène sur le canapé
t’enlève ton collier
t’enroule dans cette couverture.
Ressortir du portail peut également permettre d’accepter plus facilement que la séance est sur le point de se terminer. Le portail indique que vous passez cette fois de « l’inégalité » à « l’égalité ».
Le consentement continu
Il est toujours important de vérifier en cours de route que vous et votre partenaire allez bien, même si vous avez discuté de vos attentes au préalable.
Vérifiez que les regards, les signaux corporels et les sons correspondent bien à ce que vous avez convenu. Re-vérifiez en cas de doute !
Posez la question directement ou sortez un « Tu aimes ? », « Décris ce que tu ressens », « Regarde-moi dans les yeux si tu aimes ».
N’ayez jamais peur de ruiner l’ambiance
Les ambiances sexuelles peuvent sembler fragiles, quel que soit le contexte, mais il est plus difficile de briser l’ambiance que vous ne le pensez.
Cela peut vous sembler difficile de dire « Tout compte fait, je n’en ai pas envie » en pleine séance BDSM. Mais il est extrêmement important que vous le fassiez : vous et votre partenaire reviendrez à votre séance BDSM plus tard.
Si c’est trop compliqué sur le moment, il est important d’en discuter par la suite.
Bien qu’il puisse être inconfortable d’en parler, une communication ouverte et claire est fondamentale dans l’intimité. Soyez honnête et ouvert·e aux réactions de l’autre.
Il est important de reconnaître à quel point il peut être difficile de faire respecter vos limites sous pression.
En tant que dominant·e, prêtez une attention particulière à favoriser la conversation et félicitez votre soumis·e lorsqu’il/elle fixe des limites pendant vos séances.
Dire non deviendra de plus en plus facile pour votre soumis·e si l’expérience est positive à chaque fois.
Remarques pour le/la soumis·e
Beaucoup de personnes craignent d’être « un ou une mauvais·e soumis·e » s’ils ne disent pas oui à tout.
Vous êtes une personne indépendante et peu importe vos jeux de domination et soumission, vous restez tous deux égaux en tant qu’êtres humains.
Les frontières, les désirs et les consentements du ou de la soumis·e sont au moins aussi importants que ceux du ou de la dominant·e.
Bien qu’il puisse être amusant d’endurer quelque chose pour le plaisir de votre partenaire ou d’être à son entière disponibilité, il est important que vous vous sentiez bien pendant tout le déroulement de la séance.
Remarques destinées au ou à la dominant·e
Bien qu’il soit agréable d’avoir à la fois le contrôle et la responsabilité, il y a certaines choses dont vous devez être conscient·e en ce qui concerne une séance BDSM :
Si votre partenaire exprime un désir pour une chose particulière que vous ne connaissez pas, il est important que vous l’admettiez.
Il peut être dangereux d’expérimenter, tant pour vous que pour le ou la soumis·e. Il faut avoir la technique et connaître les risques.
S’il est important de connaître ses propres faiblesses, il est tout aussi important de dégager une certaine confiance en soi.
Un coiffeur qualifié ne sortirait pas soudainement un « Oups ! ». Ici non plus. Cela donnerait à votre soumis·e le sentiment de ne pas être en sécurité.
Vous avez mal visé avec le fouet ? Voyez cela comme « un moment particulièrement sadique » et passez à autre chose (à moins que ça ne tourne mal, auquel cas vous devez vous arrêter et prendre la situation en main).
Vous n’avez pas besoin d’être particulièrement sérieux·se ou confiant·e, mais suffisamment pour que votre partenaire soit à l’aise avec vous et avec la situation.
Post-séance
Une fois la séance BDSM terminée, il n’est en aucun cas temps de se séparer.
Pour que l’expérience soit la meilleure et la plus sûre possible pour vous deux, il est important que vous terminiez lentement. C’est ce qu’on appelle le « suivi » - une partie intégrante de chaque séance BDSM.
Vous pouvez le faire en vous enlaçant, en vous câlinant ou en prenant soin de la personne qui a subi des contraintes.
Le type de suivi nécessaire après un jeu BDSM varie beaucoup, alors assurez-vous de formuler - de préférence avant la séance ou en cours de route - le type de soins que vous souhaitez recevoir.
Suivi et attention
Certaines personnes aiment être embrassées pendant un long moment. D’autres aiment exprimer leurs pensées et sentiments sur ce que vous venez de partager. D’autres veulent être enveloppées dans une couverture et garder un peu de distance, dans le silence.
Prenez soin l’un·e de l’autre et n’oubliez pas de vous soutenir à la fois mentalement et physiquement. Confirmez les sentiments et le ressenti de l’autre d’une manière qui a du sens pour vous.
Il est erroné de penser que seul le ou la soumis·e a besoin d’un suivi.
Le ou la dominant·e a souvent un grand besoin d’attention et de s’assurer que le ou la soumis·e va bien. Cette personne a également besoin d’être rassurée et qu’on lui confirme que l’expérience était bonne.
Soumis·e ou dominant·e, peu importe - la plupart d’entre nous a besoin de confirmation sur le déroulé de la séance et de savoir qu’ils ont bien géré la situation pour s’en remettre doucement.
Chutes d’humeurs
Plus vous montez haut, plus la chute est rude.
Après avoir vécu une bonne expérience BDSM, les jours suivants peuvent être marqués par un « drop », c'est-à-dire une chute d’énergie, d’humeur, d’estime de soi, ou autre.
Les pratiques BDSM libèrent des quantités excessives de dopamine dans le cerveau, qui peuvent y rester stockées pendant un certain temps. Cependant, elles s’épuisent à un moment donné, pouvant alors causer ce « drop ».
La sensation et le moment où cela se produit varient. Certains n’en font pas l’expérience, mais la plupart connaîtront une chute environ 1 à 3 jours après une session longue, profonde et intense.
Cela peut se produire de différentes manières. Vous pouvez soudainement douter que votre partenaire ait passé un bon moment, ou commencer à avoir honte de vouloir ce genre de chose. Ou ressentir d’autres émotions que vous ne sentiriez pas en temps normal.
C’est ce qu’on appelle le « drop ». Aussi connu sous le nom de « sub-drop », même si le ou la dominant·e peut aussi en faire l’expérience.
Si vous ressentez un drop, tendez la main à votre partenaire et demandez-lui de confirmer que c’était une bonne séance, que vous êtes un·e bon·ne partenaire et que ce que vous ressentez est tout à fait naturel.
Faites preuve d’un peu d’amour-propre : préparez-vous votre plat préféré, prenez un bain chaud ou enveloppez-vous dans une couverture.
Le plus important est que vous preniez soin de vous et que vous vous rappeliez que cette baisse est éphémère et qu’elle disparaîtra bientôt.
Que dois-je retenir des pratiques BDSM ?
Tout cela doit être pris en compte lorsque vous choisissez le type de pratique BDSM que vous souhaitez prendre le temps d’explorer.
Si vous jouez avec des choses plus sérieuses, vous devez vous attendre à des réactions plus importantes. Si vous planifiez en conséquence, vous vous en sortirez plutôt bien.
Le BDSM est un terrain de jeu sans fin, mais n’oubliez pas d’agir en tant qu’adultes raisonnables et de déceler si ça devient risqué ou si ça part trop loin.
Plus vous vous connaissez, plus vous pourrez aller loin. Faites un pas après l’autre, restez prudent·es et informez-vous pour vivre la meilleure des expériences BDSM.